MEMBONGKAR 32 TAHUN YANG SUNYI

9999--senyap--posterThe Look of Silence (Senyap)

Sutradara: Joshua Oppenheimer dan Anonim
Sinematografi : Lars Skree
Produksi: Final Cut for Real (Denmark)
Tahun: 2014

Joshua Oppenheimer memukau sekaligus mengguncang dengan film dokumenternya yang terbaru. Sekuel film “Act of Killing” dengan pendekatan personal.
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Ia meletakkan sekeping lensa di depan matanya dan bertanya apakah bapak sepuh itu sudah bisa jelas melihat pemandangan di hadapannya.
“Tidak…belum,” kata sang bapak tua.
Sang optometris, bernama Adi Rukun, menambahkan sekeping lensa lagi, “ini?”
Lelaki tua bertubuh kurus itu bernama Inong. Giginya sudah menghilang, matanya sudah rabun—dan karena itulah Adi Rukun mengunjunginya untuk mengecek matanya—tetapi suara Inong masih lantang dan ingatannya tentang peristiwa 50 tahun silam sungguh terang benderang. Dia membunuh begitu banyak orang. Kepada sutradara film ini, dia bercerita bagaimana dia membunuh Ramli dan melempar tubuhnya ke sungai.

Adi Rukun, adik Ramli, datang kepadanya. Untuk memperbaiki penglihatan Inong yang sudah rabun. Dan, mungkin —sekali lagi, mungkin—untuk membuka nurani lelaki ringkih yang ternyata di masa muda adalah salah satu pimpinan gerakan anti komunis di desanya di Deli Serdang setelah pecahnya tragedi 1965.

Tentu saja itu tak terjadi. Pertanyaan demi pertanyaan Adi Rukun membuat Inong merasa tak nyaman. “Kamu sudah mulai bicara politik. Saya tidak mau jawab,” kata Inong dengan lantang. Saat itu dia tak lagi seperti seorang kakek ringkih. Ada sejarah kelam yang menumpuk di balik matanya yang membutuhkan lensa itu. (more…)

17 October 2014

Friday Oct 17, 14:00 :
Meet and Greet, discussion and book-signing with Leila S.Chudori, author of “Pulang” (Retour)
Venue: INDONÉSIE bookstore
Galerie Artes, 11 rue Frédéric Sauton, 75005, m° Maubert-Mutualité,
(Open from 11- 19)

Retour vers la 13 467ème île d’Indonésie

Foreword for “Retour”, French translation of “Pulang, a Novel”, translated by Michel Adine and Éliane Tourniaire, published by Pasar Malam.

Retour vers la 13 467ème île d’Indonésie
Didier Daeninckx
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Les Nations Unies considèrent que l’Indonésie est formée de 13 466 îles, mais le roman de Leila S. Chudori s’attache à nous décrire la 13 467ème île qui a échappé au recensement des géographes. Une île minuscule de dix mètres sur douze, située à cinq cents mètres à peine de l’île de la Cité sur laquelle Notre-Dame de Paris prend appui, un territoire microscopique qui n’est visible que par les romanciers (et leurs lecteurs).
Pour comprendre comment un archipel colonisé par les Portugais puis les Néerlandais a ainsi pu égarer l’une de ses composantes, il faut faire un saut de 50 ans dans le passé et feuilleter les journaux jaunis de 1965. Cette année-là, alors qu’au nord de l’Indonésie la guerre du Vietnam fait rage et que la Révolution culturelle enflamme la Chine, l’armée fomente un coup d’État dont le principal objectif est de se débarrasser du parti communiste, l’un des plus puissants du monde avec plus de trois millions d’adhérents. Le général Suharto déclenche la chasse qui n’épargnera aucune ville, aucun village. A la mi-octobre 1965, la capitale Jakarta est nettoyée des éléments marxistes par les commandos parachutistes qui procèderont à des exécutions de masse à Semarang, Solo, Magelang et Wonosobo les jours suivants. Des milices civiles prêtent main forte aux tueurs. Aidit, le secrétaire général du Parti communiste est passé par les armes, sitôt arrêté. Sur l’île de Java, les massacres se prolongent pendant un mois, les rivières, rouges de sang, charrient les cadavres par milliers, avant que les pogroms se multiplient sur l’île de Bali où le responsable du PKI est coupé en morceaux. Les historiens estiment le chiffre des victimes à 500 000 et l’un d’eux, Jean-Louis Margolin, note qu’il est semblable, en proportion, à celui des victimes de la Grande Terreur stalinienne du milieu des années trente. Près de deux millions de personnes furent arrêtées, un grand nombre incarcérées dans des camps de concentration, des procès fournirent des cibles aux pelotons d’exécutions pendant près de vingt ans, et ce n’est que 35 années après la prise de pouvoir du général Suharto que fut supprimée de la carte d’identité le tampon qui spécifiait que son possesseur était un ancien prisonnier politique. (more…)